Saint Ouen, nouvel eldorado.

Passer le périph’, pour moi, c’est un peu Rendez-vous en terre inconnue…Je l’avoue, un peu honteuse mais en toute franchise. Bref, toujours est-il qu’un dimanche de septembre, je me retrouve à bruncher à donc, 17 minutes de ce fameux périphérique, à St Ouen.
Ca faisait un petit moment que je n’y avais pas mis les pieds….ca n’a pas changé….ou presque ! Sur le papier, ce n’est pas très loin mais pas tout proche de mes quartiers de prédilection, ce n’est pas réputé très safe non plus et il ne s’y passe (passait ?) pas grand-chose…Et pourtant, les choses bougent, on sent même les prémisses d’une bobohisation. Parfois, il suffit d’un ou deux établissements pour amorcer une nouvelle dynamique et il se pourrait bien que ce soit le cas.
Cette commune de petite couronne pourrait effectivement bien nous surprendre ! Décryptage.

Un souffle de tendance

Depuis quelques années, les projets de réhabilitations et autres promotions se multiplient dans la commune de 51 000 habitants. En 2017, Cyril Aouizerate, connu notamment pour avoir co-fondé Mama Shelter, créait la surprise en ouvrant Mob Hotel. Plus qu’un établissement, ce dernier est un mouvement. Ecologie solidaire, coopérative hotellière ou encore bleasure, le lieu propose une alternative à l’hôtellerie traditionnelle et surtout, crée tout un écosystème autour… une nouvelle clientèle aux valeurs affirmées, des indépendants en quête d’interaction sociale et un panel de fournisseurs essentiellement locaux… Tout ça fait vivre son p’tit monde et attire…

J’ai eu la chance de rencontrer Cyril Aouizerate, une rencontre inspirante qui ouvre de nouvelles perspectives (Lire l’interview) Il implante Mob Hotel à St Ouen en 2017. Une localisation qui pourrait être perçue comme un challenge pour certains mais que lui a choisi par affinité. 3 ans après, le lieu vit, mixe les populations et se remplit d’étudiants, d’avocats, de touristes, de locaux. Le restaurant bio est prisé, l’hôtel observe un taux d’occupation de 95%. Bref, un bon petit carton ! Un nouveau modèle qui fonctionne donc et qu’il duplique avec Mob House, un projet d’hospitalité qui porte les mêmes valeurs mais aux volumes plus généreux, situé à … 200 mètres. Autant dire qu’il va y avoir du rififi dans le quartier 😊

La commune semble inspirer les brands noms du design. L’aménagement intérieur a ainsi été confié à Philippe Stark, excusez du peu 😊 Entre déco pointue et concept innovant, nul doute que l’établissement fera parler de lui.

Loin d’en être à son premier coup d’essai, Stark aime lui aussi la charmante petite commune et avait déjà sévit à St Ouen en désignant en 2015 le restaurant Ma cocotte rue des Rosiers. Une déco très starkienne sur 1000 m², où tout est naturellement décalé…mais où l’on se sent bien. C’était un lundi, c’était blindé, c’était bon ! Rien à dire de plus.

Quelques mètres plus loin, rue Etienne Dolet, un Château’Form accueille des séminaires d’entreprise haut de gamme. Une déco à l’esprit loft, 12 salles de réunions, un amphithéâtre, une belle terrasse…de quoi sortir les collaborateurs du télétravail et faire cogiter la matière grise de l’entreprise dans un lieu inspirant à quelques stations de métro de Paris. C’était un lundi, c’était blindé, c’était beau ! Rien à dire de plus.

Toujours dans ce quartier des Rosiers, un complexe Housing by Dauphine propose quelques 250 logements aux étudiants de la prestigieuse université. En réponse aux attentes des millenials, le bâtiment offre studios, colocations ou bien appartements à partager pour des tarifs tout inclus et raisonnables pour la région parisienne. Cet afflux de millenials voire de xenials fait souffler un vent de fraicheur et émerger de nouveaux besoins et exigences qui vont devoir trouver une réponse…

L’authenticité des Puces

Et oui, parce que, St Ouen c’est avant tout connu pour ses Puces, ses marchés Paul Bert, Serpette et Biron… et toutes ses petites échoppes environnantes aux charmes plus ou moins contrastés. Taxidermie, vêtements militaires, art de vivre éclectique… Quelques pièces charmantes jonchent les trottoirs, malheureusement beaucoup de made in china aussi. Dommage.
Néanmoins, les Puces restent les Puces et représentent, plus qu’un simple marché, l’âme de St Ouen.

Un ancrage dans le passé, l’amour des belles choses, le désir de donner une seconde vie…Finalement, c’est tout cela St Ouen.

Le second hand, c’est LA grosse tendance 2020. Tendance encore renforcée par la crise sanitaire qui nous oblige/incite à donner du sens à notre consommation. Prêt à porter mais aussi meuble et objets déco en tous genres. Plus que jamais, les Puces, temple du vintage et de l’antiquité, suscitent un regain d’intérêt pour tout chineur du dimanche ou collectionneur aux portefeuilles bien fourni. (Tu aimes le vintage ? Quelques photos ici)

Pour être bien, manque encore quelques boutiques de créateurs et les petits cafés de baristas qu’on apprécie….avis aux entrepreneurs et autres actifs en quête de reconversion 😊 La vie de quartier ne demande qu’à se développer ! Encore un ou deux établissements branchés et/ou haut de gamme et on y est.

Des projets d’envergure dans les tuyaux

Coté transports, les accès à la ville vont se multiplier et mettront la capitale à un tout petit pas. Si tous les chemins mènent à Rome, aujourd’hui pas moins de 2 lignes de métro, 1 de Rer et de tramway et 13 lignes de bus mènent à St Ouen… Demain, le Grand Paris Express prévoit une nouvelle station « Saint Ouen Pleyel », par laquelle passeront les lignes 14, 15, 16 et 17. Et sinon, il y a le vélo (oh purée, je vais me faire une copine 😊)
Le quartier des Docks, quant à lui, devrait subir une sérieuse cure de jouvence avec l’aménagement d’espace verts, de 4000 logements et d’une zone d’activité.

Bref, ça bouge grave à St Ouen !

Entre programmes neufs, rues jalonnées de meulières, immeubles de quelques étages, la bobohitude s’installe, St Ouen prend gentiment mais surement des airs de Williamsburg !

Sans avoir de boule de cristal, à ce rythme-là, le prix au m² risque fort de prendre rapidement des rougeurs.

Crédits : @Anne-LaureALAZARD