Les températures baissent, les journées raccourcissent, les virus font la fête et les nez coulent. Je me suis dit que c’était le moment idéal pour te parler de bouillons. Oui, c’est vrai, j’aurais également pu développer le thème de la « O combien » stratégique vitamine D mais j’étais d’humeur gourmande !
Depuis quelques temps, les bouillons parisiens ont le vent en poupe, certains assument les effets du temps (et en font même leur fonds de commerce), d’autres réouvrent après un lifting plus ou moins discret. Regain donc pour ces établissements pour le moins authentiques.
Et oui, les bouillons, ça ne datent pas d’hier. Ca date même de 1860 pour être précise. Et pour bien commencer, je te propose un rapide rappel de ce que sont les bouillons.
Les établissements de bouillon ont été fondés par des bouchers, Pierre-Louis Duval le premier, dans le but d’utiliser le reste de leurs étals et d’ainsi offrir une restauration abordable aux ouvriers des Halles. Malin donc. Depuis lors, on peut y consommer du bouillon de bœuf mais pas que. Œufs mayo, choucroute, andouillette grillée, éclairs au chocolat (pas forcément avec le reste des étals du coup) font partie des grands classiques…… on parle même d’une cuisine de bouillon. Mais last but not least, la grande particularité de ces établissements est qu’ils sont bon marché.
En ces temps de disette, c’est probablement un début d’explication au succès de ces restaurants populaires.
LES BOUILLONS DE PARIS
Le plus vieux : Bouillon Chartier
Niché en plein cœur du faubourg Montmartre, le bouillon Chartier voit défiler une clientèle hétéroclite depuis 1896.
Touristes en tête, assoiffés de mode de vie à la française…faut dire qu’avec les serveurs en habit et les nappes à carreaux, ils ont servis 😊
Prenez place, le ballet commence. Ça grouille, les plateaux virevoltent, les serveurs, à l’amabilité très relative, exécutent une chorégraphie bien huilée… Un véritable show !
Inscrit à l’inventaire des monuments historiques, l’établissement est resté dans son jus ou devrais-je dire dans son bouillon 😊
Le plus Beau : Bouillon Julien
Tout est beau, bon et pas cher. Telle est la devise du lieu.
On ne peut deviner ce qui se cache derrière les portes du 16 rue du Faubourg Saint Denis…
Hauteur sous plafond vertigineuse, sol d’époque, fresque murale et mosaïque…. C’est juste magnifique ! Récemment rénové, le Bouillon Julien a conservé ses charmes d’antan (comprendre 1906) et nous transporte littéralement à la Belle Epoque. Maitres verrier et céramistes ont œuvré avec délicatesse pour redonner aux boiseries, miroirs et autres verrières leur splendeur oubliée.
Ici, c’est une clientèle d’habitués que l’on sert, moins éclectique mais plus fidèle…
Le plus récent : Bouillon Pigalle
Un lifting bien fait pour ce bouillon qui surplombe la place Pigalle. Les grandes tablées, le brouhaha ambiant, quelques éclats de rire et des commandes hurlées en cuisine, l’esprit Bouillon y règne toujours.
La queue (longue comme le bras) peut impressionner….mais ça va vite comme le service…parce que de ce côté-là, ça dépote, ça dépote ! Un éclair par ci, un onglet par la…. Et tous les incontournables d’un Bouillon qui se respecte !
L’addition, quant à elle, facilite la digestion… Carton plein donc pour Bouillon Pigalle !
SAME SAME… BUT DIFFERENT !
Bouillon Racine, Bouillon (tout court) ou encore Vagenende sont des établissements qui ont tout de bouillon traditionnel mais…
Même si l’inspiration est là, coté carte par contre, on s’éloigne un peu du concept populaire. C’est historique, c’est authentique mais ce n’est pas franchement économique.
Néanmoins, ces restaurants restent de très bonnes tables.
LES BOUILLONS ET LE DESIGN
Chaque bouillon a son identité et son histoire. Néanmoins, coté design, ils ont tous le même air de famille :
– décoré dans le style Art Nouveau
– organisé selon le même plan, une salle avant équipée d’un bar ouvrant sur une grande salle arrière divisée par des balustrades
– inondé de lumière par une verrière (pour les plus chics 😊)
LA MINUTE CULTURELLE
Le bouillon ne se trouve pas que dans notre assiette… Notre langue regorge d’expressions y faisant allusion, toutes plus imagées les unes que les autres, et aussi populaires que le fameux consommé.
Ainsi, au palmarès, nous trouvons donc :
– Se mettre la rate au court bouillon : se faire du soucis
– Boire le bouillon : échouer
– Prendre un bouillon : subir un revers de fortune
– Bouillon de culture : milieu favorable
– Bouillon de onze heures : breuvage empoisonné
Et la non moins célèbre expression, « C’est clair comme du bouillon d’andouille » signifiant que la situation, un échange, un contenu quel qu’il soit est totalement incompréhensible. On avouera ne pas l’utiliser tous les jours mais lui trouver néanmoins un petit côté ridicule assez charmant 😊
LA RECETTE
Pas envie ? pas le temps ? pas de place ? La bonne nouvelle, c’est que le bouillon, on peut aussi le consommer à la maison !
Alors, par ici, la bonne soupe ! Et oui, la fameuse…. C’est simple, c’est pas cher, ça plait à tout le monde… Bref, c’est le menu idéal du dimanche soir !
Pour cela, il te faudra :
– 3 l de bouillon de pot-au-feu
– 2 carottes (300 g)
– 1/2 céleri-rave (300 g)
– 1/2 blanc de poireau (150 g)
– 150 g de vermicelles
– beurre
– Sel fin
Etape 1 //
Récupérer le bouillon de votre pot-au-feu (pour les plus organisés, on pourra mettre un de ces petits cubes parfumés 😊) . Faire revenir sans coloration mais avec UN PEU de beurre les légumes les plus « durs » : carottes et céleri (pelés et coupés en dés).Ajouter ensuite le poireau émincé.
Etape 2 //
Mouiller avec le bouillon de bœuf et amener à frémissement. Ajouter les vermicelles juste au moment de servir. Rectifier éventuellement l´assaisonnement en sel.
10 minutes de préparation, 20 minutes de mijotage…et hop, c’est dans l’assiette ! A portée de tout le monde, j’ai envie de dire 😊
EPILOGUE
Voilà, je pense qu’après avoir lu cette actu, on se sentira définitivement plus intelligents 😊, tout du moins, on saura quoi cuisiner le dimanche soir.
On notera quand même que plus on va vers la modernité, plus les endroits historiques et authentiques refont surface. Les vieilles pierres, les vieilles recettes, les vieux serveurs… en un sens, ça nous rassure, j’imagine.
D’un autre côté, ces établissements sont des observatoires intéressants de mixité sociale… les business men se mêlent aux touristes, les badauds côtoient les adeptes de la cuisine de comptoir (et du poireau vinaigrette).
Tous sont réunis autour d’une cuisine sans prétention, dans un lieu où règne une ambiance sans chichis. C’est probablement ce qu’il faut retenir… c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures !