En Europe et particulièrement en France, manger n’est pas un sujet de plaisanterie… Ce rituel rythme nos journées depuis des siècles et ne se résume pas à calmer une sensation de faim intense mais bien à choisir avec soin ses produits, les préparer avec amour, s’attabler et enfin déguster. C’est tout un cérémonial !
Alors, certes, au fil des siècles, la dite tradition a pris un petit coup dans les dents passant du banquet d’une journée, 48 plats et l’agneau à la broche à la barquette Picard réchauffée en 2,5 minutes au micro-ondes…Toutefois, manger reste un vrai sujet, comme dormir ou faire du sport (euh non, pas faire du sport :)).
Je dirai même que si manger est un sujet, bien manger est une préoccupation… Et oui, désormais, on est fan de bio, addict au frais ! On veut des tomates goûtues, des œufs pondus par des poules heureuses et des poissons qui remuent encore les nageoires quand on les achète.
Voilà, au XXIe siècle, on ne met plus n’importe quoi dans sa bouche !
Bref, désormais les maitres mots de notre alimentation sont au nombre de 3 : Qualité, Equilibre et Circuit court !
QUI DIT FRAIS, DIT MARCHE…
Alors, c’est sûr, aller au marché n’est pas une nouveauté en soi ni donc une tendance mais se restaurer sur le marché est beaucoup plus récent, se développe même, voire devient trendy.
Mais qu’est-ce qui nous séduit dans le concept ?
– LE PRODUIT : c’est censé être frais, évidemment, ça vient de Rungis 😊 On voit ce qu’on achète, on tripote, on sous-pèse et finalement on choisit.
– LE GAIN DE TEMPS : prendre une barquette de tajine, c’est certain, c’est plus rapide que de le faire mijoter à la maison. Ce n’est pas qu’on ne sait pas le faire, c’est juste qu’on n’a pas le temps ou qu’on a la flemme (au choix) !
– L’ATTRAIT & L’ABONDANCE : les étals, ça donne envie (d’ailleurs, c’est pensé pour ça !) et comme nous sommes furieusement impatients, quand on a l’eau à la bouche, il faut assouvir cette envie tout de suite maintenant.
– L’ECHANGE AVEC LE PRODUCTEUR : c’est marrant comme le fait de savoir que le maraicher a donné un prénom à ses poules nous donne cette impression de qualité (même pas besoin de traçabilité 😊)
POUR TOUS LES GOUTS
Quand on est gourmand, pressé et soucieux de savoir ce qu’on achète, on comprend que ces fast foods version qualité connaissent leur petit succès.
En tout état de cause, dans le food hall, on trouve vraiment de tout, du petit réchaud posé sur le trottoir avec l’huile qui bout et les fritures qui s’y baignent… au corner pensé par un designer, de la simple étale à la présentation chiadée, de la coupelle de fruits à 1,50 euro à la tartinette de caviar à 60 euros.
Dans chaque pays, le food hall a ses codes, son organisation, ses recettes. Influence culturelle oblige !
TOUR DU MONDE DES FOOD HALLS
Le plus luxueux : Harrods Food Hall à Londres
Un petit coté british très classieux où même prendre un sandwich devient élégant. Chez Harrods, on en prend plein les yeux et plein les papilles ! Que des produits d’excellence, préparés avec soin, présentés avec délicatesse. C’est tellement beau qu’on ose à peine y toucher 🙂
Le plus vieux : la Boqueria de Barcelona
Véritable institution barcelonaise à deux pas des Ramblas. Ici, on joue la carte de l’authentique et de l’abondance ! Un pousse au crime comme on en connaît peu…L’incontournable Jamon Iberico, à la coupe ou en cornet, des fruits (pour la bonne conscience) par grappe, frais, en jus ou confit, des barquettes en tous genre, paella, tortilla, gaspatcho…. Avant de partir, vous prendrez bien des churros con chocolate ?
Le plus trendy : le Chelsea Market du Meatpacking district (ben oui, évidemment) à New York
Cet ancien entrepôt abrite d’une part quelques boutiques haut de gamme (si jamais on avait envie de dépenser 500 dollars sur l’heure du déjeuner), d’autre part, un food hall regroupant pas moins de 52 restaurants. Du petit comptoir authentique au restaurant, où l’on peut s’attabler, le Chelsea Market ravit les plus gourmands comme les plus soucieux de leur équilibre alimentaire. A la sauce américaine, le storytelling est parfait… on s’en délecte ! Toujours blindé….évidemment pour une fois, qu’on peut trouver un endroit ou se remplir le ventre sans y laisser les 2 yeux….
Le plus grand : le Time Out Market de Lisbonne
Halle immense où se croisent locaux et touristes en quête de saveurs classiques ou de mets originaux. 32 000 mètres carrés dédiés à la gastronomie, 24 restaurants, des supers critiques culinaires… une attraction à part entière dans la capitale portugaise.
Même si la pause gustative s’avère gouteuse mais fort bruyante, gros succès pour le concept qui ouvre prochainement 4 autres lieux : Chicago, Boston, Miami et New York
Le plus alternatif : Papiroen à Copenhague
Attention squat devant ! Ambiance hangar désaffecté pour Papiroen, un food hall plein de saveurs 😊 En sursis depuis son ouverture (rapport au squat), cet espace, fermé actuellement, enchantera de nouveau les danois et autres touristes qui viennent historiquement presque s’y encanailler. Vegan, asiatique, burgers, smorrebrod…. À Papiroen, tout le monde trouve barquette à son envie . Fort gourmand mais un poil grassouille il faut le dire ! On en ressort rassasié avec la doudoune qui sent définitivement l’huile de friture😊
Le plus proche : le marché des Enfants Rouges chez nous !
C’est le plus vieux marché couvert de Paris (1615), néanmoins les produits y sont fort frais 😊 et les traiteurs tous aussi savoureux les uns que les autres. Un temps menacé de fermeture, le marché des Enfants Rouges tient une place toute particulière dans le cœur des habitants du quartier qui viennent s’y fournir, papoter, y acheter giroles, tulipes ou pastillas. Une vingtaine de commerçants et traiteurs font de ce marché un endroit convivial et plein de saveurs !
EPILOGUE
Principalement pour la qualité des produits qu’on y trouve, les food halls me séduisent assez mais me laissent un peu pensive…
Ce qu’il y a de certain c’est qu’il y a une modification profonde du repas… la tendance n’est plus au bon gueleton qui dure 3 plombes mais bien au snacking. Est-ce bon (dans tous les sens du terme)? Je ne sais pas…. Suis tout de même un peu sceptique… Suffit de voir ce que ça donne chez nos amis ricains qui snackent à longueur de journée. Résultat des courses : 35% de la population adulte est obèse !
Avant, prendre son repas s’entendait à la maison ou au restaurant mais bon, dans l’histoire y avait quand même des chaises et une table… maintenant, on veut nous faire manger partout et n’importe quand… alors, attention, je dis vigilance !:)
Est-ce parce que le temps manque ou parce que les modes d’approvisionnement sont plus nombreux, on cuisine de moins en moins. Food halls, take away, livraison à domicile via téléphone, via les fameuses applis… les moyens pour ne plus faire fleurissent et dans l’histoire je ne te parle pas des tendances qui concernent la restauration d’entreprise et qui vont dans le sens du grignotage…OMG !!!
Bref, on constate comme un paradoxe. A l’heure où les émissions culinaires se multiplient, on se met rarement au fourneau… On aime bien manger, mais préparer son repas (ceci exclut la barquette picard) relève presque de l’exception.
Parce que manger c’est aussi cela, choisir ses produits, préparer et prendre le temps de communiquer… Car le repas, c’est avant tout un moment pour échanger !
A méditer…
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